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INTENTION

La rumeur médiatique multiplie les messages catastrophistes. Qu’ils soient climatiques, géopolitiques, financiers, rares sont les jours sans annonces de nouvelles menaces pour l'équilibre du monde.

Paradoxalement,  la notion de bonheur s'est immiscée comme jamais dans tous les champs de l'activité humaine. Plus le monde semble menacé, plus l'Homme semblerait devoir sourire, et en particulier le travailleur  :  psychologie positive, Happy Chief Officer, coaching bien-être, … le bonheur est devenu un des critères de l'emploi. L'idée qu'un travailleur heureux est profitable à son entreprise comme à lui-même est désormais ancrée dans la culture d'entreprise.

L'épanouissement individuel et professionnel se modèlent selon des barèmes et des stratégies analogues : coaching personnel et sportif, capital bien-être et capital social, taux de satisfaction personnel, applications smartphones, courbes et ratios. 

Rendre un monde imparfait plus heureux est moins la question que

comment être heureux dans un monde imparfait ? question de volonté, de travail sur soi, de moral et de visée.        

                                     

De quel bonheur parle-t-on ?  de réalisation (floue) de soi ? de paix d'esprit, d'épanouissement ? d’intégration sociale ? de BNB - Bonheur national brut ? La quête du bien-être individuel répond-t-elle à l'enfouissement d’une utopie collective ? Une désillusion souriante ?  Nous préparerions nous, en solo, à une fin du monde heureuse ?

 

Nous sommes partis de ces intuitions, questions, images, pour tisser les mailles d'un univers théâtral absurde et labyrinthique, celui d'un homme enjoint à être heureux dans un monde pourtant fataliste.

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Lors d'un retour de résidence, nous sommes arrivés à Paris par la route. Coincés par les embouteillages, ne nous restait qu'à patienter et regarder :

le paysage offrait des centaines de conducteurs furieux, d'immeubles à façades végétalisées, dans lesquels des start-up dynamiques s'épanouissaient derrière des façades fashion, pendant qu'en contrebas, des bidonvilles sinistrés entassaient des campements sur les triangles de pelouse inclinés vers la route.

Ce tableau a pris sa dimension à l'arrivée d'un joggeur solaire, évoluant souplement sur une voie parfaitement sécurisée, spécialement élaborée entre un enfer et l'autre. Le coureur ne semblait voir ni les voitures ni les hommes, entièrement voué à son action, comme l'équilibriste occupé à avancer pour ne pas choir.

Nous sommes peut-être cet homme qui court en boucle sur un étroit chemin entre deux abîmes, qui ne peut s'arrêter sans risquer la dépression ou le cynisme, et qui, cependant “se fait du bien”.

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